Blonde…

Les mots viennent difficilement pour exprimer mon ressenti alors que je viens de visionner BLONDE de Andrew Dominik… On ne sort pas indemne de film…Donc je vais un peu y aller dans tous les sens, ne m’en veuillez pas…

Depuis l’adolescence, fascinée par la double personne (et je dis bien personne, pas personnalité) Marilyn Monroe/Norma Jean Baker, j’ai commencé à collectionner les ouvrages sur sa vie. Je connais sa biographie à travers tous ces ouvrages, la plupart très bien documentés, et ce que les mots ne racontaient pas, les photos, des plus grands photographes américains, le montraient également.

Le livre de Joyce Caroll Oates, fait partie de ma collection. Un cadeau de ma mère, il y a longtemps. Elle m’avait alors dit que le livre était très sombre, et je m’étais arrêté au tout début de ma lecture, n’ayant pas envie de voir cette icône que j’adulais tant, évoluer dans un univers malaisant. Peut-être comme on n’a pas envie de voir la vérité en face, parce que c’est trop difficile. Pourtant je la connaissais la « vérité »… Je veux dire, je la ressentais, depuis longtemps et j’avais eu plusieurs confirmations de cette vérité dans d’autres ouvrages.

C’est dire si je redoutais autant que j’avais envie de voir le film de Dominik…

Oui ce film tord les tripes, nous laisse autant empreint d’une profonde tristesse que d’une grande colère comme j’ai pu le lire. Et oui, il faut absolument répéter à l’envie que ce n’est PAS un biopic ! Parce qu’il ne faut pas que les jeunes générations n’aient que ce film en référence pour connaître l’histoire de cette femme qui ne se résumera jamais à la seule petite fille blessée par l’absence de père et l’omniprésence étouffante du patriarcat dans la direction de ses choix… Mais pourtant c’est bien une part d’elle, une part d’elle qu’elle ne pouvait pas abandonner comme elle-même l’avait été, puisqu’elle était partie intégrante de son être, de sa construction en tant que femme.

Norma Jean était la petite fille blessée… Marilyn, ce personnage dont elle n’avait même pas eu le choix du nom, Norma Jean l’a construit de toutes pièces comme une carapace. C’est ainsi que je le comprends. Ce n’était pas un boulet qu’elle traînait malgré elle. Non, c’était une force. Et c’est bien cette force que le patriarcat hollywoodien, mais pas seulement (n’oublions pas que c’était les années 50 et que ce n’était même pas remis en question, ou si peu) voulait réduire en la cantonnant dans des rôles où elle ne s’épanouissait pas.

Hollywood ne voulait pas qu’une déesse blonde à la plastique de rêve donne son avis, dicte ses choix, propose, pire veuille s’émanciper, créer sa propre maison de production, fréquenter qui elle voulait, où elle le voulait. c’était NON !

Ni les hommes qui dirigeaient l’industrie du cinéma, ni les hommes auxquels elle a uni sa vie, ne la comprenaient. C’est dans toutes ses biographies, officielles, ou non, et c’est omniprésent dans le film de Dominik. Mais en le mettant au premier plan, il réduit, lui aussi, Marilyn à ce qu’elle n’était pas : Une petite chose fragile, en quête de paternité, incapable de s’imposer, d’imposer son point de vue !

Je finirai bien par lire le livre de Oates dont le film est inspiré. Et je me souviendrai très longtemps de la performance absolument hallucinante de Ana de Arnas. Elle est de loin, à mes yeux, celle qui l’a le mieux incarnée, et j’ai vu toutes les incarnations cinématographiques et télévisuelles de Marilyn Monroe. L’illusion est quasi parfaite, et pendant tout le film mes yeux ont superposé les images que tout le monde connait et celle d’Ana de Arnas. A souligner, le passage sur le tournage de « Some like it hot » où le réalisateur a incrusté les vraies images du film, le vrai Tony Curtis du film, parlant à la fausse Marilyn. C’est troublant et impeccablement réalisé.

Une dernière chose : ne regardez ce film qu’en VO ! Le doublage ne rend pas hommage à Marilyn, quand Ana de Arnas a su trouver son timbre de voix velouté, unique, et le restituer à la perfection !

Ce film est un grand film, un très grand moment de cinéma, à voir absolument, et Ana de Arnas doit remporter un oscar, mais je vais encore une fois le répéter, ce n’est pas un biopic.

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